le sanctuaire
Des mots
Téta
Les tasses au chaud, le four éteint
La poêle au mur et ton bottin
Tout est bien la et je t’attends
Pour le café, pour comme avant
Je suis assis à la même place
Le dos au mur les bras en croix
Il est seize heure et comme avant
Tu te reposes, tu prends ton temps
Ta sieste est longue, tu ne viens pas
Alors j’écoute le bruit des trains
J’attends un peu tu sortiras
T’asseoir ici parler des tiens
Je prends deux tasses tout comme avant
L’étagère bouge elle est tremblante
Un peu comme toi quand tu me chantes
Des airs du temps de ton Liban
J’entends déjà tes sons de pas
Ils te précèdent ils sonnent en moi
Déjà très las de te porter
Ils restent la dans mes idées
Mais le temps passe, et qu’il est long
Même la pendule ne tourne plus
Ta sieste dure ces derniers temps
L’éternité, celle du néant
Alors il faudra me lever
Dans tes vieilles tasses boire du café
Et pour ne jamais t’oublier
Chanter les airs de ton passé
Dans ton repos O ma Téta
Regarde nous assis chez toi
Tu es bien la tout contre moi
Une part de nous ne s’éteint pas
Demain matin
Il est huit heures je suis chez moi
Tu dors encore et dans tes bras
Je m’imagine un peu gêné
Par la lueur, matin blessé
Tu dors encore et dans la rue
Les vélos passent ils nous annoncent
Qu’il est demain et sa venue
Que le matin nous prend à nu
Je me retourne tu dors encore
Il est huit heures quelques accords
Des cris d’enfants là dans l’école
Puis sonne la cloche, nos mains se donnent
Tu te retournes et je suis là
En un instant tout contre toi
Je suis si seul quand je me lève
Je suis si moi entre tes bras
Nos voix ne peuvent pas s’écouter
Il est cruel de le troubler
Cet écrin plein de nos secrets
Qui nous étreint qui nous défait
Et le café ouvre ses portes
Le monde est seul à cette heure-ci
Et le café qu’on nous apporte
Annonce la fin tu n’a rien dit
La lune se cache encore au loin
Et vient ton bus je ne dis rien
Le temps a pris tous nos matins
Le temps de ferme et fend l’écrin
Mes châteaux d’eau Il fait très froid, nuit de
Mes châteaux d’eau
Il fait très froid, nuit de hasard
Terrain désert, les lampadaires,
Sont accrochés sur les remparts
Mes châteaux d’ombres et de lumières
Le vent nous souffle sa complainte
Il est si fort et si puissant
Que même nos corps alors tremblant
Se sont glacés de tout leur sang
Et ton amour résonne en moi
Je suis le fort, tu es la mer
Quel est ce vent, toute sa misère
Qui jette sur moi ses flots d’hiver
Pourquoi cette eau pourquoi ce temps
Et toutes mes larmes que sèche le vent
Quand contre moi tu te répands
Je n’ai plus d’armes, je perds mon sang
Tous mes bateaux contre tes vagues
Et tous les vents qui te ramènent
Ne sauront pas tuer le temps
Qui fait de toi ma plus grande peine
Il est plus froid que le désert
Encore plus doux que mer d’hiver
Je n’ai que toi m’en défaire
De cet amour qui m’indiffère
Qui dit justice ? Qui peut parler de la justice
Qui dit justice ?
Qui peut parler de la justice
Des lois du ciel ou celles des Hommes
Comment punir le plus grand vice
N’être victime de Personne
Vierge Marie, Mère de l’Enfant
Mais que dis-tu à cette maman
Qui voit son fils après des mois
Quitter la Vie
Pourquoi cet homme au cœur si pur
Au franc désir d’aimer une femme
Et son physique tel une armure
Fait fuir l’amour et cache son âme
A quel justice, à quel seigneur
Peut on parler quand à toute heure
Les plus grands vents détruisent nos vies
Et que l’amour se meure aussi
Et pour ceux qui sont attirés
Par le même sexe, fatalité
Pourquoi punir ou condamner
Est-on victime du verbe aimer
Mais toutes ces lois toutes ces prisons
Que font les Hommes et leurs passions
Ne sont-elles là que pour punir
Où tout compte fait faire illusion
Car les justices que nous faisons
Et toutes les lois qui nous créerons
Ne pourront pas guérir la Vie
De sa nature et de ses cris
Ma fille Ma fille a des idées très simples Pour
Ma fille
Ma fille a des idées très simples
Pour elle la vie est dessin
Barbe a papa et voir les trains
Même à trente ans elle est enfant
Quand elle se blottit dans mes bras
J’entends mon cœur battre bonheur
Quand on me dit c’est du retard
Moi je réponds à la bonne heure
Moi qui n’avais jamais voulu
Ni faire d’enfant ni me marier
Qui m’aurait dit quand je l’ai vu
Que grâce à elle j’allais aimer
Elle était belle, elle était femme
De longs cheveux, des doigts de fées
Elle m’a quitté elle m’a laissé
Pour élever notre bébé
Quand je l’ai vu la première fois
Alors mes yeux ont fait couler
Tout un torrent de cette joie
Que seul un père peut éprouver
Bien des docteurs nous l’avaient dit
Si cet enfant vient à la vie
Elle aura comme on l’appelle
Cette maladie la trisomie
Tout a bien changé aujourd’hui
Nos soirs d’été et nos amis
C’est pas possible d’aller danser
De la laisser se débrouiller
Mes yeux aussi sont différents
C’est eux qui dansent, ils sont brillants
Quand elle m’appelle je suis l’enfant
Et dans ses bras je suis vivant
Je sais les gens parfois ont peur
Elle les appelle leur demande l’heure
C’est très gênant cette femme enfant
Qui sait sourire même en pleurant
C’est pas facile de l’avouer
Mais ça se voit dans les regards
Les gens nous offrent leur pitié
Mais mon bonheur j’en suis avare
Pour rien au monde je n’échangerais
Ses grands sourires, simplicité
Contre une vie qu’on dit rangée
Contre une vie sans ses baisers
Ma fille n’est pas un grand bébé
Ses longs cheveux, ses doigts de fées
Elle est ici pour nous montrer
Qu’on est en vie que pour s’aimer
Regardez-la ma vie, mon sang
Elle est sur terre pour vous montrer
Tout un chacun est un enfant
Il suffit juste de l’avouer
Mes couleurs Métisse de toi métisse de qui Mais
Mes couleurs
Métisse de toi métisse de qui
Mais de qui donc est fait mon moi
C’est une question que l’on se pose
Ou est-ce un être qui s’impose
Je lance mes mains dans l’horizon
Mais qui viendra dire ma raison
Tout est plus simple quand on nous voit
C’est plus facile de se dire soi
J’ai beau cherché au fond de moi
Mais rien ne vient tout est émoi
J’ai tant voulu qu’on me reponde
Mais quelles questions et quelles demandes
Tout est si simple quand on vous dit
Ici ta terre et ton pays
J’ai longtemps cru que j’y étais
Juste un détail on me mentait
Je suis métisse du temps qui passe
Et des questions qui prennent ma place
Faut-il alors pour qu’elles s’effacent
Que j’y réponde à votre place
J’ai dans ma vois plusieurs couleurs
Plusieurs accents qui battent mon cœur
Si je choisis je me condamne
A n’être plus que moitié d’âme
Je le vois là, petit enfant
Plein de ses voix mais sans accents
Qui prend la vie comme il l’entend
Plein de ses voix mais sans accents
On passe le temps à demander
aux gens qu’on aime pourquoi on est
moi quand je suis c’est pour aimer
mes voix mes terres mes destinées
Prière Quand le matin j’ ouvre les yeux Sa main
Prière
Quand le matin j’ ouvre les yeux
Sa main est là tout près de moi
Je vois ses doigts juste un ou deux
Son premier geste il est pour moi
Juste un regard sur son épaule
Sa main se noie dans mes cheveux
Mon cri du corps si silencieux
C’est sous cette main l’hymne des cieux
Si c’est une grâce j’en implore Dieu
De me faire vivre un peu à deux
Juste un matin voir dans ses yeux
Que pour une nuit j’ai été deux
Et sous ses mains je serai pieux
Peut être offrande si c’est son vœu
Ou bien credo pour toi seigneur
Si tu me laisses un peu son cœur
Tu sais mon Dieu si tu m’oublies
J’aurai pas peur seul dans mon lit
Car pour aimer j’en ai que faire
Si c’est pas toi va pour l’enfer
Sentir sa main là sur mon corps
Juste une seconde et puis s’endort
Comme une prière ou une credo
J’ai un peu peur, est-ce que je le vaux